L’insécurité judiciaire demeure, après l’insécurité sociale et urbaine, la troisième forme d’insécurité humaine à la quelle est exposé un nombre de plus en plus croissant d’haïtiens. Qu’il s’agisse des pratiques courantes de déni de justice dans certaines juridictions haïtiennes, du phénomène de spoliation de propriété foncière ou bâtie par des autorités élues ou administratives ou leurs proches, des cas d’arrestations arbitraires et illégales ou pire encore de la tradition de détention préventive prolongée, les droits du citoyen haïtien sont constamment mis à mal par les carences structurelles de l’administration judiciaire ou par les indélicatesses de certains magistrats1, utilisant le service public judiciaire comme fonds de commerce.
Sans minimiser l’impact dramatique des autres phénomènes d’insécurité judiciaire qui sont d’ailleurs tous les jours dénoncés par la clameur publique, nous voulons nous intéresser beaucoup plus ici au phénomène de la détention préventive prolongée. Notre intérêt à privilégier ce sujet dans notre analyse sur l’insécurité judicaire s’explique non seulement en raison de son ampleur dans notre société et de l’étendue de ses victimes, mais aussi à cause de l’image négative qu’elle renvoie de notre pays dans les médias étrangers.